dimanche 13 mars 2011

expérience esthétique

Assise le dos au mur humide de la petite pièce sombre, je tentais vaguement de distinguer ce que murmurait les bruits sourds qui provenaient de dehors. Mes mains moites et engourdies étaient posées sur le carrelage embué. Je bouillonnais de l'intérieur; mon corps s'était imprégné d'une lourdeur qui m'empêchait de me mouvoir. Et bien que je n'avais plus de forces cela ne m'était ni effrayant ni gênant. Je décidais alors de me concentrer sur ma respiration; celle-ci me berçait et m'emmenait vers un sommeil-éveillé apaisant. L'air embrumé de la pièce m'enveloppait de sa chaleur et me donnait l'impression que mon corps s'enfonçait et se fondait au mur qui me paru être un coussin d'air. Je sentais les gouttelettes émaner de mes pores puis me ruisseler le long des tempes et je les observais dessiner sur mes cuisses une constellation d'infimes gouttelettes de sueur. Comme je levais légèrement la tête, je m'aperçus que l'air vaporeux devenait plus épais et me piquait les yeux. Mon champ de vision s'était réduit à quelques centimètres devant mes yeux et je ne percevais plus rien ni personne. Je fermais les yeux et me retrouva en mon for intérieur et perdis conscience d'où je me trouvais et revint à moi après quelques instants. Enfin l'espace autour de moi avait retrouvé sa cohérence et mon champ de vision s'était élargit.